jeudi 30 mai 2019

UN DERNIER TOUR A TOKYO AVANT / APRES

Cet article conclura (provisoirement) ma série consacrée aux reportages Avant/Après sur la capitale Nipponne. Et pour cause  ! Dans l'immédiat je ne réside plus au Japon ce qui, vous l'admettrez, complique quelque peu ma démarche de comparaison photographique...

Quoi qu'il en soit mon dernier article du genre se concentrera sur 4 quartiers radicalement différents de Tokyo.

GINZA  :

Surnommé "Les Champs-Elysées Japonais" Ginza connait une très forte concentration de marques de luxe (et accessoirement compte parmi les prix les plus élevés au m2 de la capitale).


Le fameux centre commercial Ginza Wako en 1951. Construit dans les années 30 ce bâtiment a miraculeusement survécu aussi bien aux tremblements de terre qu'aux bombardements américains de la seconde guerre mondiale !
Le Ginza Wako est toujours en place par contre la perspective de l'avenue a radicalement changé.

Le Ginza Wako en 1955.
La même perspective à la fin des années 50
La verticalité règne désormais en maîtresse absolue sur Ginza !

La fée électricité avait déjà envahi Ginza en 1964.
Nous sommes ici à la "frontière" entre Ginza et Yurakucho (notre destination suivante, vive les transitions habiles !)


YURAKUCHO :

Situé à proximité immédiate de Ginza dans l'arrondissement de Chiyoda, le quartier de Yurakucho (有楽町) est connu notemment pour ses nombreux Izakayas et pour son cinéma Toho. 


Nihon Gekijo日劇 également connu sous le nom de Nichigeki a été construit en 1933. Il a été conçu pour être le plus grand théâtre d'Asie avec ses 4.000 places assises. Dans les années 50 il servit surtout à des représentation de spectacles de Music-hall plus ou mois érotiques.
En 1981 l'édifice sera finalement détruit pour faire place de nos jours au Toho Cinemas Nichigeki.
Un cinéma multiplex de la fameuse firme Nippone
.

La devanture du Nichigeki en 1952
L'entrée du Toho Cinéma Nichigeki.

Le Nichigeki dans les années 60.
60 ans plus tard...


On aperçoit un bout du Nichigeki sur la gauche de la photo.
Le pont est toujours là (quoi que légèrement remanié).

La station Yurakucho au début des années 60.
Après l'inauguration du Shinkansen en 1964 les maisons individuelles ont disparu et le paysage du quartier a été totalement modifié !


HARAJUKU :.

Changement de quartier et changement de décor puisque nous quittons le "centre" (si une telle chose existe à Tokyo) pour nous rendre à Harajuku. Comparativement ce quartier parait presque bucolique puisqu'il se trouve non loin du parc Yoyogi et du sanctuaire Meiji-jingu.


La gare d'Harajuku en 1924 peu après sa construction. Le premier usager de la gare fut l'empereur lui-même !
De nos jours la gare d'Harajuku n'a quasiment pas changé. Elle est la dernière gare en bois de Tokyo ! 
Hélas pas pour longtemps comme nous allons le voir plus bas...


La gare dans les années 60.
De nos jours la perspective a beaucoup changé et changera plus encore d'ici peu car, à l'approche des jeux Olympiques, la gare sera prochainement détruite ! On aperçoit sur la gauche les travaux de la gare moderne qui remplacera l'ancienne.


Si j'en juge par le slogan à gauche de la photo, nous sommes en 1964 lors des précédents jeux Olympiques !
Les nouveaux jeux Olympiques signifient la mort de la charmante station !

La nouvelle gare émerge lentement à coté de l'ancienne... vouée à la destruction.



NATIONAL DIET :

Dernier changement de quartier, nous nous retrouvons maintenant devant la "Diète nationale"' (si si) alias 国会, (Kokkai) comprenez le parlement Nippon. Sa construction fut achevée en 1936 et basée uniquement sur des matériaux Japonais, s'il vous plait !


Aussi incroyable que cela paraisse durant la seconde guerre mondiale, pour faire face à la pénurie de nourriture, un potager a été créé devant la Diète Nationale (douce ironie).
De nos jours fini les légumes devant la Diète Nationale. Une belle nappe de béton a pris leur place.


En 1955 non seulement on y faisait pousser des légumes mais en plus on y faisait sécher le linge !


Plus rien ne dépasse de nos jours !




On se quitte avec une photo datant années 50 figurant un marchant de masques... 

De nos jours si les modèles sont différents, les masques sont toujours là !


lundi 8 avril 2019

NIHONBASHI (日本橋) A TRAVERS LE TEMPS

On a coutume de dire que le Japon est un mélange de tradition et de modernité. Cet adage est dans l’ensemble plutôt juste, mais on oublie souvent de préciser que modernité ne va pas nécessairement de pair avec progrès et esthétisme ! Le plus parfait exemple étant le triste développement du pont Nihonbashi 日本橋 (littéralement le pont du Japon).

Lors de sa construction en 1603 ce pont était fait de bois et était en forme d'arche. Il était le point de départ et d’arrivée des voyageurs entre Edo (le premier nom de Tokyo) et Kyoto (la cité impériale de l’époque). Ce pont originel fut reconstruit pas moins de 8 fois au cours des 300 années suivantes

En 1911, sous l’ère Meiji (1868 – 1912), le pont fut finalement reconstruit en pierre dans un style occidental en mêlant des éléments Japonais, notamment sur ses lampadaires centraux. Le pont est resté intact en dépit du grand tremblement de terre de 1923 et des bombardements américains de la seconde guerre mondiale.
Il marque par ailleurs le « point zéro » des routes nipponnes (exactement comme le parvis de Notre Dame pour la France) c’est un peu le centre géographique du Japon.

Le pont s’insérait harmonieusement dans le quartier jusqu’au début des années 60 où l’impensable se produisit ! A l’approche des jeux Olympiques de 1964 la capitale nippone due repenser son réseau routier. Creuser des souterrains ou passer des maisons au bulldozer coutaient trop cher, une solution radicale fût choisie pour les nouvelles voies express : faire passer les routes au-dessus des rivières ! Ce choix esthétiquement désastreux se reproduisit hélas sur bien des rivières à Tokyo !

Dans le cas qui nous intéresse aujourd’hui, afin de ne pas défigurer (encore plus) le pont, les autoroutes se séparent en deux pour laisser une place entre elles aux deux grands lampadaires de chaque côté du pont. Moche en plus d’être surréaliste !

Ceci dit après plus de 50 ans d’une politique de saccage du patrimoine culturel de la capitale il a été finalement décidé de créer un tunnel en remplacement de l'autoroute surélevé ! Le vaste chantier commencera après les jeux Olympiques de 2020. Comme quoi tout arrive ! Le coût estimé pour redonner apparence humaine au quartier ? La modique somme de 500 billions de Yen (soit 4 billions d’Euros) mais ne dit-on pas que la beauté n’a pas de prix ?


1847 : Une estampe japonaise représentant Nihonbashi. Le pont offrait parait-il une vue imprenable sur le Mont Fuji.

1871 : Le pont est encore en bois, par conte il a été élargi pour laisser passer deux trams.

1910 : Le pont a trouvé sa forme finale, mais les berges de la rivière sont encore peu développées. 

1920 : La messe est dite et la perspective a radicalement changé.

1930 : Le pont et les bâtiments sur la berge ne changeront plus...
...par contre de nos jours la panorama a "légèrement" évolué ! (Source photo : Wikipédia)


Euh il est où ce pont exactement ??

1964 : Rivière d'huile à Tokyo.
Le bâtiment sur la droite permet encore d’identifier le lieu.


1912 : Les berges de la rivière Nihonbashi.
 
Le pont en 1920.
La même vue de nos jours. (Source photo : Pinterest)

Jour de fête sur le pont Nihonbashi !
C'est sûr que vu comme ça c'est tout de suite moins festif ! (Source photo : Kisokaido)

1964 : L'autoroute en pleine construction !

L'action au ralenti...
... la boucle est bouclée !


Vu d'en haut...
Vu d'en bas !



Un petit rembobinage express pour conclure cet article !