mardi 27 décembre 2016

Sur les traces de KILL BILL




Dans la série "Les films supposés se dérouler au Japon alors qu'aucun des acteurs principaux n'a mis les pieds dans l'archipel" nous allons voir aujourd'hui le cas d'école : KILL BILL !

Lorsqu'il tourne le Volume 1 de son film en 2003, Tarantino décide qu'une partie de l'action se déroulera au Japon. Cependant par mesure d'économie la plus part des scènes Nipponnes seront tournées en Chine !

Je détaillerais donc dans cet article les endroits réels ou imaginaires supposés se trouver au Japon…

(Toutes les captures d'écran sont la propriété de Miramax film et A band apart)
0h43 est le moment pour Uma Thurman, alias Black Mamba, de mettre en marche sa vengeance !

Tarantino est sympa de nous faire réviser notre géographie Nippone à chaque intermède. Je n'aurais donc pas besoin de vous expliquer où se trouve Okinawa !

Beatrix Kiddo se rend donc à Okinawa pour rencontrer Hattori Hanzo célèbre pour sa technique de fabrication de sabres Japonais ! Contre toute attente il a raccroché ses katanas et ouvert un restaurant de sushi ! (totalement factice et crée en studio -en Chine- il va sans dire).

Black Mamba saura trouver les mots pour convaincre l'ancien mentor de Bill de forger un nouveau sabre.
Dans la réalité Okinawa est une île bien connue pour ses plages et pour avoir le plus fort nombre de centenaires de toute la planète ! Si vous voulez faire de vieux os vous savez où aller… (Source photo : Hellocaremail)

0h56 : Les préliminaires étant passés il est temps de rentrer dans le cœur des choses...

Cours de Géographie appliquée suite (et merci à Monsieur Tarantino de m'avoir fourni ma photo de couverture pour ce blog !)

1h02 : O-Ren-Ishii (Lucy Liu) et son gang de Yakusa arrivent à Tokyo.

Le gang emprunte le reinbō burijji, traduisez le Pont de l'arc en ciel. Ce pont suspendu construit en 1993 relie les quais de Shibaura et l'île artificielle d'Odaiba à Minato (Tokyo).


Mon degré d'abnégation à ce blog ayant ses limites je n'ai pas risqué ma vie pour prendre la même photo au milieu de la chaussée, vous vous contenterez donc de cette vue !

Long de 570 mètres, le pont possède une ligne de métro dans sa partie inférieure. (Source photo : Wikipédia
Un arc en ciel en pleine nuit devant la statue de la liberté ! On aura tout vu. (Source photo : Italiajapan)

1h03 : Peu après sa cible, O-Ren-Ishii, Black Mamba arrive à Tokyo.

Nous sommes ici à Shinjuku le long de l'avenue Yasukuni-dori.
Cette perspective est bien connue puisqu'elle est reprise réguliérement dans les films ayant la capitale Nippone comme décor. (Voir notamment mon article précédent sur "Lost in translation" de Sophia Coppola)

1h11 : Black Mamba arrive à la "Villa bleue". Après avoir amputé Sophie Fatale d'un bras superflu, elle confronte son ennemi, O-Ren.

C'est après un passage au restaurant GONPACHI  (1-13-11 Nishi-Azabu, Minato-ku) que Tarantino a décidé de construire un décor similaire à... Pékin ! Bon pour l'authenticité on repassera, mais qui après tout qui a dit que le cinéma devait être réaliste ?

1h12 : Le serveur Charlie Brown quitte la salle.

De l'autre coté la vue est sympa aussi.

Un premier homme de main fait les frais du Katana forgé par Hattori Hanzo.

1h14 : Black Mamba c'est débarrassée de la garde rapprochée d'O-Ren.
Bon c'est sympa me direz-vous mais que vaut-il comme restaurant ce non-décor de cinéma ?
Dés l'entrée on est mis dans le bain : nous sommes accueilli par un mur rempli de photo de stars ayant visité le lieu (on se croirait dans un Hard Rock Café !). L'intérieur, comme vous pouvez le voir, ressemble à une vieille auberge Nippone. A l'étage des box sont privatisables (comme dans le film). L'ambiance est le dépaysement sont garantis, peut-être un peu trop, puisque du coup le lieu est très fréquenté par les touristes et les expatriés ! Quoi qu'il en soit le restaurant est plutôt un bon rapport qualité prix pour le repas du soir (concernant le menu du midi par contre c'est une autre histoire).
A noter que le concept est florissant puisque plusieurs Gonpachi existent à Tokyo. Le plus beau et/mais le plus touristique est celui-ci.

1h15 : C'est au tour de Gogo Yubari et ses 17 printemps d'affronter la fiancée en deuil !
La scène la plus célèbre du film.

Je vous l'avais bien dit qu'il n'y avait que des touristes !
Petit souvenir personnel au passage : lors de ma venue, durant la soirée, les lumières se sont baissées et la musique de Kill Bill a commencé à retentir ! Gaps ! Je m'attendais à voir une femme en combinaison jaune jaillir sabre au poing ! Mais non, c'est juste la manière locale de souhaiter les anniversaires... à la plus grande joie de tous les clients ayant capté la référence !

1h18 : Grand final pour Beatrix Kiddo : Black Mamba contre tous les Yakusas d'O-Ren !

Avec du sang partout ça donnerait moins envie ! (Notez la cuisine visible à droite)

La cuisine en pleine ébullition devant les clients.
Gonpachi Nichi-Azabu vu de l'extérieur, avec son coté vieille auberge on ne se croirait absolument pas à Tokyo !

Le restaurant affiche fièrement qu'il a servi d'inspiration au film !

Dédicace à l'appui !

Sur ce blog on ne se paie pas votre tête ! Qu'on se le dise...

samedi 26 novembre 2016

Sur les traces de GODZILLA "ゴジラ" (de ISHIRO HONDA - 1954)



Tout commence en 1954 au Japon. Le producteur Tomoyuki Tanaka est fortement impressionné par le film King Kong (la version originale de 1933) et par le film du réalisateur Français Eugène Lourié Le Monstre des temps perdus (The Beast from 20.000 Fathoms en VO). Il souhaite adapter le concept de ce dernier film : un dinosaure fort contrarié d’avoir été sorti de son sommeil par des essais nucléaires se met en tête de détruire New York...
Les trucages de ce film sont réalisés par Ray Harryhaussen, bien connu pour ses effets spéciaux en stop-motion (traduisez image par image) et dont les œuvres les plus célèbres sont notamment Jason et les Argonautes ou Le 7éme voyage de Sinbad. Les Nippons n'étant pas familiers de la méthode du stop-motion, ces trucages seront donc abandonnés. Il sera fait appel à la place à des maquettes particulièrement réalistes de quartiers de Tokyo et à un acteur portant un costume de monstre !
Mine de rien le costume de Godzilla pèsera 90kg et sera une vraie fournaise pour l'acteur emprisonné dedans !
Quoiqu'il en soit le Kaiju-eiga (Film de monstres géants) est né !

La réalisation sera confiée à Hishiro Honda. Tourné à peine 9 ans après l'explosion de la première bombe atomique sur Hiroshima, le film exprime la peur des conséquences de l'holocauste atomique.

Plusieurs formes de monstres seront envisagées. Le souhait de départ était de présenter une créature préhistorique aussi bien à l’aise dans l’eau que sur terre. Une sorte de croisement entre un gorille et une baleine. Si le concept de base évoluera quelque peu, le nom restera comme témoignage de cette idée : le nom nippon de Godzilla étant GOJIRA ゴジラ, soit la contraction de GORIRA ゴリラ (Gorille) et KUJIRA くじら(Baleine) !

Pour cet article je me livrerai à l’amusant exercice consistant à comparer les maquettes des buildings utilisées pour le film avec la réalité du Tokyo contemporain. La capitale Nipponne étant en perpétuelle évolution il est amusant de constater que certains immeubles détruits par Godzilla au cours de ses deux raids dans la ville ont réellement disparus de nos jours !
Le roi des monstres est-il vraiment passé par là ?

(Toutes les photos ici présentées sont la propriété de Toho 東宝株式会社)


Forcément avec l'image complète ça fait tout de suite moins peur !

A 45 minutes de film Godzilla se décide à passer à l'action ! Pour son premier raid sur Tokyo il commence par semer la panique dans la gare de Shinagawa.

"Bon il est où le Shinkansen ?"

Crée en 1872 la gare Shinagawa est l'une des plus ancienne gare de Tokyo. Située au sud de la ville la gare est très proche de la baie de Tokyo, ce qui explique que Godzilla en fasse son premier terrain de jeu. (Photo @ Samuel Cockedey)

De nos jours le roi des monstres devrait d'abord briser la barrière de building qui l'entoure avant d'atteindre la gare. (Source Wikipédia)

A 54 minutes de film, Godzilla attiré par les lumières de la ville sort à nouveau des eaux de la baie de Tokyo à Shibaura. Les Nippons ont cette fois-ci prévu le coup et construit une barrière électrique géante pour protéger la ville. En vain il va sans dire.

De nos jours pas de ligne à haute tension autour de la baie, mais depuis le Rainbow bridge a été construit (en 1993) il relie les quais de Shibaura et l'île artificielle d'Obaiba.

A 1h01 de film Godzilla s'est enfoncé dans le cœur de la ville et atteint le Théâtre Japonais (Nihon Gekijo日劇 également connu sous le nom de Nichigeki).

Godzilla aura tôt fait de démolir le théâtre Nichigeki à grand coup de queue !

On pouvait également voir le Théâtre Japonais dans les affiches promotionnelles d'époque.

Construit en 1933 le Nichigeki a été conçu pour être le plus grand théâtre d'Asie avec ses 4.000 places assises. Dans les années 50 il servit surtout à des représentation de spectacles de Music-hall plus ou mois érotiques, les filles aux seins nus y étaient monnaies courantes.
En détruisant cet édifice à coup de queue, Godzilla a t-il cherché à marquer sa désapprobation des mœurs de l'après-guerre ? Sans réponse… (Photo Source : Old Tokyo)

En 1981 l'édifice sera finalement détruit pour faire place de nos jours au TOHO Cinemas Nichigeki. Un cinéma multiplex de la fameuse firme Nippone Toho. Les films présentés n'ont plus rien d'érotiques, par contre les longs métrages de Godzilla y sont souvent présentés en avant première comme clin d'œil au film original !

Godzilla poursuit sa folle course à travers Ginza. Il marque l'arrêt devant le Wako Department store (4-5-11 Ginza).

"Quelle heure est-il ?" L'heure de tout péter bien sur !

Godzilla va remettre les pendules à l'heure et démolir l'horloge du Ginza Wako !

Le centre commercial Wako donnant sur la rue Ginza, dans les années 50.
Ginza Wako sous le même angle que la photo  de Godzilla précédente pour vous donner une idée de la taille du roi des monstres !  A noter que nous sommes ici un peu sur les Champs Elysées Nippons puisque la rue Ginza collectionne un nombre impressionnant de marques de luxe.

La fameuse horloge détruite par Godzilla.

Après avoir réduit Ginza en miette Godzilla se dirige à l'ouest vers Le Bâtiment de la Diète Nationale (Oui oui ça s'appelle vraiment comme ça !)
Godzilla se mettre à la diète ? Pas question !

De nos jour le bâtiment de la Diète Nationale (国会議事堂, Kokkai-gijidō) n'a pas changé. En guise de diète il s'agit surtout du siège du Parlement Nippon. Sa forme actuelle date de 1910.


Finalement à 1h05 Godzilla regagne les eaux de la baie de Tokyo en passant devant le pont Kachidoki.

"Mais qui m'a foutu ce pont en plein milieu ? Bon je vais tout casser !"

De nos jours le pont Kachidoki enjambe toujous la rivière Sumida, qui se jette dans la baie de Tokyo. (Source photo Wikipedia)

A noter que le pont Kachidoki est le seul de la rivière Sumida a avoir une partie ouvrante... Seul souci elle n'a plus été utilisée depuis 1970 ! (Photo Source Jpri.kyodo)

Godzilla s'incline devant son créateur Ishirō Honda. Au Japon même les monstres sont respectueux!