dimanche 14 février 2021

GODZILLA EN 35 FILMS (1ère partie)


godzilla

Que Godzilla représente pour vous un homme dans un costume de monstre ravageant un Tokyo miniature ou l’illustration métaphorique du traumatisme de toute une nation face à la bombe atomique, il n’en reste pas moins que le roi des monstres est une figure iconique du cinéma nippon. Paradoxalement dans nos contrées le kaijū radioactif n'a vraiment été popularisé que par les 3 films américains (doux paradoxe). 
Pour combler cette lacune, séance de rattrapage obligatoire pour tout le monde ! (Ne mentez pas, vous avez bien dû louper -par pure inadvertance bien sûr- un film ou deux parmi les 35 films ci-dessous...) Je me propose donc de détailler chacun d'entre eux.
En prime, comme si ce n’était pas suffisant, et pour rendre cet article encore plus monstrueux, je vais également (fidèle à mon habitude) me pencher sur les lieux de tournage des scènes principales de chaque film.
C’est parti pour un article fleuve avec chroniques à gogo et reportages Avant / Après dans la foulée!
 
1 - GODZILLA 
(Titre original : Gojira) Réalisé par Ishiro Honda - 1954
5 étoiles sur 5
Je me suis déjà penché sur la genèse de Godzilla dans l’article publié chez BRUCE LIT, encore disponible ici même. Je vais donc éviter de trop me répéter, mais commençons malgré tout par un petit historique : Le 6 aout 1945 la première bombe atomique frappe Hiroshima. E
lle détruit approximativement 90% de la ville en vaporisant immédiatement 80.000 personnes ! Trois jours plus tard c'est au tour de Nagasaki de subir le même traitement. Ces destructions massives entraineront la capitulation du Japon.
Cependant, due à la censure imposée par l’oncle Sam, peu de Japonais étaient vraiment au courant de l’étendue des horreurs causées par la bombe atomique. De fait, aucune description n’était autorisée par l’armée d’occupation. Seules des illustrations métaphoriques ou « affectives » étaient tolérées. Les premiers documentaires sur la question ne seront autorisés que bien des années plus tard...
En 1954 un bateau de pêche appelé « Lucky dragon number 5 », alors qu’il se trouvait au large des iles Bikini, se trouve pris dans le feu d’une bombe à hydrogène, tir expérimental mené par les Américains. A leur retour au Japon, les membres de l'équipage souffriront des retombées radioactives et porteront des scarifications pour le reste de leurs jours. Cet événement fut considéré par certains comme la 3eme attaque des Etats Unis sur le pays du soleil levant ! Outre le fait de redoubler le sentiment anti-nucléaire à travers le pays, cette nouvelle explosion donne l’idée au producteur Tomoyuki Tanaka de faire un film dont le personnage principal serait un monstre né de l’atome...
 

L’aspect de la créature est supposé, au départ, être le croisement entre un gorille et une baleine (d’où le nom Gojira, contraction des mots japonais Gorira et Kujira). Le concept évoluera cependant pour que le visage du monstre évoque autant un dinosaure qu’un champignon atomique. La peau du roi des monstres, quant à elle, est supposée évoquer les conséquences des brûlures radioactives sur la peau humaine.

Godzila symbolise des forces de destructions massives impitoyables et incontrôlables, obligeant la population à vivre dans la peur. Les scènes de destructions de Tokyo résonneront particulièrement auprès du public Japonais et finiront de rendre évidente la métaphore atomique.

La réalisation du film est confiée à Ishiro Honda. Un premier projet d’animation en Stop motion (comme sa source d’inspiration principale : KING KONG ou, après lui, THE BEAST FORM 10.000 FATHOMS) est vite abandonné. Trop long à mettre en place et trop coûteux. Le réalisateur optera plus prosaïquement pour un costume de monstre évoluant dans des décors à l’échelle.
Soyons honnêtes, les effets spéciaux ont très mal vieilli, ils restent cependant impressionnants pour l’époque. De plus le noir et blanc, ainsi que les scènes nocturnes, cachent habilement les carences des effets. Le roi des monstres marchant à travers un Tokyo en flamme reste, 67 ans plus tard, comme une scène terrifiante. 

Enfin impossible de ne pas mentionner la musique d’Akira Ifukube qui instaure un thème entêtant et tonitruant (il sera, du reste, repris dans la plupart des films de la série), achevant de créer une atmosphére dense et oppressante.

Le film fut un immense succès au Japon. En plus de parler à toute une génération, il pose également les fondations d'un pan entier du cinéma nippon : le Kaijū eiga (le film de monstres). Plus qu’un film, il s'agit d'un phénomène de société. Un chef d'œuvre doublé d'un classique intemporel.
 
A noter, pour information, qu’une version américaine existe, intitulée GODZILLA KING OF THE MONSTERS. Elle propose une version totalement remontée. Des scènes supplémentaires sont tournées pour l'occasion et incorporées avec plus ou moins de pertinence au film original. 
L’acteur Raymond Burr est chargé de donner un aspect américain à un phénomène pourtant strictement japonais. Il va sans dire que cette version est un franc désastre, heureusement tombée dans les oubliettes de la honte.


- Concernant les lieux de tournage, un article complet a déjà été consacré à la question. Pour les retardataires, je vous invite à cliquer ici pour le comparatif entre le Tokyo de 1954 et le Tokyo contemporain.
Next !

 
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2 - LE RETOUR DE GODZILLA 
(Titre original : Gojira no gyakushū. Titre US : Godzilla raids again) de Motoyoshi Oda – 1955
2,5 étoiles sur 5
Un pilote, à la suite d'une avarie de son avion, doit procéder à un atterrissage en catastrophe sur une île inconnue. A sa grande surprise, il y découvre Godzilla se battant contre un nouveau monstre ! Après avoir été secouru, le pilote regagne Osaka et prévient les autorités du danger imminent. Aussitôt, la communauté de scientifiques se met en quête d'une parade en cas d’attaque des monstres. Lorsque les deux kaijūs débarquent finalement à Osaka, ils doivent bien se rendre compte que leur plan a échoué…


Le premier volet ayant été un franc succès, c’est tout naturellement que la firme Tōhō met en chantier une suite (non sans une certaine précipitation, avouons-le). Cette fois-ci le film comprend un second kaijū : Anguirus. Le design de la bête est inspiré par l’animal préhistorique Ankylosaurus. Immédiatement rival de Godzilla, le nouvel arrivant affronte celui-ci à Osaka, entrainant moult destructions. Le roi des monstres est finalement victorieux, mais est, lui-même, enterré sous une avalanche de glace provoquée par un tir de missile.
 
Dès ce 2ème épisode, Godzilla commence à s’éloigner de sa nature métaphorique pour se tourner vers le film d’action décomplexé, marquant le début de ce que l’on appellera la PERIODE SHOWA. Force est de constater que cette suite ne possède ni la profondeur ni la majesté de son glorieux aîné. Les deux monstres semblent surgir dans le film sans aucun sens de la dramaturgie. Les humains, hélas, ne laissent pas une meilleur impression et l'histoire se termine sans que l’on puisse réellement se rappeler du nom des personnages.
 
Alors que dans le 1er film Godzilla se mouvait avec lenteur, pour suggérer la grandeur et la lourdeur, le parti pris opposé est choisi pour cette suite : les monstres bougeront en accéléré ! (à la suite d'une erreur d’un technicien, paraît-il) L’effet est hélas totalement ridicule et à plusieurs reprises le film sombre dans le comique ! Déchargeant au passage la tension dramatique d’un film déjà exsangue de suspens.
 
A noter que l’acteur principal, Hiroshi Koizumi, reviendra à 5 reprises dans la franchise, dans des rôles à chaque fois différents. Loin d’être un cas isolé, les acteurs récurrents dans la série seront légion.


- Passons à présent au comparatif Avant / Après : 

0h10 : A son retour à Osaka, le pilote rescapé va reporter à ses chefs sa rencontre avec Godzilla...
Le fameux château d'Osaka. L'édifice original date du 16ème siècle. Il fut cependant détruit et reconstruit à de multiples reprises. Sa forme actuelle date de 1928.

0h10 : Le pilote se rend au siège des autorités scientifiques d'Osaka.
De nos jours, l'édifice ne contient nul organisme scientifique, mais un restaurant et une boutique de souvenirs !

0h10 : Les portes du bureau gouvernemental.
L'entrée du restaurant Landmark Square Osaka.

0h41 : Godzilla ne tarde pas à arriver à Osaka, suivi de près par Anguirus...
On reconnait clairement le dôme de la succursale d'Osaka de la Banque du Japon. (Source photo : Osaka-info)

0h42 : Les 3 prisonniers en cavale pensaient pouvoir échapper à la justice nippone, ils vont déchanter en tombant nez à nez avec Godzilla !
La station de Yodoyabashi a bien changé de nos jours. On reconnaît cependant la pierre angulaire du pont.

0h42 : La bataille entre les deux monstres se poursuit en plein Osaka...
Les deux kaijūs s'amusaient à saccager le Osaka City Hall dans sa version précédente... Pas étonnant qu'il ait fallu totalement le reconstruire après leur passage !

0h43 : Godzilla approche ! Les gardes sont en alerte !
Retour au Landmark Square Osaka, avec le château dans la perspective.

0h43 : La bataille se poursuit à proximité du château !
Les deux kaijūs batifolent entre deux tours de guet du château !

0h43 : Les monstres ne respectent manifestement pas les lieux historiques !
La porte d'accès au château d'Osaka a été légèrement remaniée depuis le film.

0h43 : Le château d'Osaka ne tardera pas à être réduit en cendre après les assauts des deux titans !
Dieu merci le château a survécu à la bataille !


3 - KING KONG CONTRE GODZILLA 
(Kingu Kongu tai Gojira) de Ishiro Honda – 1962
3,5 étoiles sur 5
Une société pharmaceutique envoie ses troupes dans une île du Pacifique afin de ramener la divinité locale : King Kong ! Le singe est capturé et ramené au Japon. Bien évidemment, il ne reste pas prisonnier bien longtemps et ne tarde pas à semer le chaos à travers Tokyo ! Parallèlement, Godzilla, réveillé par un sous-marin nucléaire, émerge de la glace dans laquelle il a été plongé depuis le film précédent. Le Japon est un trop petit pays pour que les deux monstres légendaires ne se rencontrent pas…

 
Sept ans après le deuxième opus, la Tōhō met en scène une nouvelle aventure du kaijū radioactif, partageant, cette fois, l’affiche avec l’une de ses inspirations principales : King Kong ! La firme japonaise venant d’acheter les droits du singe géant à la RKO, elle pense initialement réaliser un KING KONG vs FRANKENSTEIN ! Cependant le projet n’aboutit pas (Franky sera recyclé plus tard dans un autre film) et c’est finalement la star locale, Godzilla, qui prend le relais ! On comprend, ceci dit, beaucoup mieux pourquoi King Kong a la capacité d’avaler de l’électricité dans ce film : initialement, ce pouvoir devait échoir à Frankenstein ! Au final, deux icônes de l’Est et de l’Ouest vont s’affronter pour la suprématie !
 
Ishiro Honda est de retour à la réalisation de cette suite, pour la première fois en couleur, dans un splendide cinémascope ! Ce troisième opus marque un virage dans la franchise qui s’oriente désormais vers un public plus jeune. Le film est plutôt une réussite et se laisse agréablement voir. Il est cependant irrémédiablement plombé par un scénario assez inepte et surtout par le ratage complet des maquillages de King Kong ! Rien ne va de ce côté-là. Il a l’air totalement ridicule, son visage est si inexpressif que l’on se demande si les concepteurs du costume ont réellement approché un singe un jour ! L’acteur, à l’intérieur du costume, n’est également pas en reste puisque sa prestation simiesque est totalement décalée et dépourvue
 de toute crédibilité !
 
Alors que le film a tout pour être un sinistre nanar, il est au contraire assez réussi ! Il se permet même, dans sa première partie, de faire une critique acerbe du capitalisme et plus spécialement du monde de la publicité. King Kong est initialement amené au Japon pour des raisons publicitaires ! Basé sur un scénario passablement absurde (où les personnages sont aussi cartoonnesques que les deux monstres) le film semble ne pas se prendre au sérieux et offre une joyeuse comédie où l’action et les gags se mêlent harmonieusement.
La longévité de la franchise doit beaucoup à ce film qui, bien que (très) imparfait, demeure remarquable.


0h48 : Osamu Sakurai, le frère de Fumiko, va rejoindre sa sœur dans son appartement.
L'appartement de Fumiko se trouve dans les bâtiments Akabanedai Danchi (à proximité de la gare d'Akabane). Ces bâtiments, avec leur faux air de cité HLM, ont été construits en 1962. Le lieu est cependant en pleine rénovation et une bonne partie de ces immeubles a déjà été détruite.
1h17 : King Kong ayant kidnappé Fumiko, l'armée nippone tente de l'endormir à base de gaz soporifiques et de percussions hypnotiques...
En guise d'Empire State Building, King Kong a trouvé refuge sur le toit de la National Diet (le parlement Japonais).

1h18 : La stratégie de l'armée a marché : King Kong pique un somme !
La Diète Nationale indemne de nos jours.

1h22 : Des ballons gonflables sont disposés autour du singe géant inanimé.
Le Parlement nippon vu de haut.

godzilla vs king king diet
1h23 : King Kong, attaché à ses ballons, s'envole !
godzilla vs king king diet
A noter que, si c'est la première fois que la Diète Nationale apparaît dans la franchise, ce n'est certainement pas la dernière ! Elle apparaîtra à de très nombreuses reprises dans les prochains films de Godzilla ! Mais n'anticipons pas...

1h24 : Les ballons (plus ou moins) dirigeables amènent King Kong vers le Mont Fuji !
Là aussi, il s'agit de la première apparition du Mont Fuji dans la franchise, nous le reverrons très bientôt... (Source photo : Pxhere)
godzilla vs king king
1h34 : C'est l'heure du duel final entre King Kong et Godzilla !
Les deux géants s'affrontent devant le château d'Atami. Ce monument semble étonnamment bien conservé pour un édifice médiéval, et pour cause... Il a été construit, à partir de rien, en 1959 ! Il s'agit d'une pure attraction touristique ! Pas étonnant que Godzilla et King Kong se soient mis en tête de le détruire ! (Source photo : Wikipedia)



4 - MOTHRA CONTRE GODZILLA 
(Mosura tai Gojira) de Ishirō Honda - 1964
4,5 étoiles sur 5
Deux reporters enquêtent sur un site industriel détruit par un cyclone. Ils y trouvent une matière visqueuse et étrange. Pendant ce temps, un œuf géant est trouvé par des pécheurs dans la baie de Yokohama. Toharata, un homme d’affaires véreux, décide aussitôt d’exploiter l’œuf en fondant un parc d’attraction autour de ce dernier ! Deux petites fées, des « Shobijins », apparaissent et réclament l’œuf comme appartenant à leur peuple, qui vénère le papillon géant Mothra ! Godzilla ne tarde pas à refaire surface et entreprend de se taper l’œuf géant pour son petit déjeuner…


L'association de King Kong et de Godzilla ayant été un franc succès, la Tōhō ne tarda pas à renouveler la formule. Pour la seconde fois Godzilla affronte donc un monstre préexistant : Mothra ! En effet, celui-ci a déjà eu droit à son propre film en 1961. Ce film ayant fait un bon score au box-office, c’est donc tout naturellement que la firme pense à l’associer au roi des monstres !

Pour son retour l’apparence du saurien radioactif a changé. Il a l’air nettement plus menaçant. Ses sourcils froncés et son regard noir le rendent plus inquiétant.

Il s’agit sans aucun doute du point d’orgue de toute la période Showa. Le film parvient à associer la profondeur initiale du personnage avec l’aspect comédie du précédent opus. Sans oublier au passage l’émotion, puisque l’on est touché par le destin tragique de Mothra qui se sacrifie pour sauver ses enfants ! 

Au rayon négatif, on déplore quelques longueurs au début et surtout une apparence peu convaincante des larves de Mothra (qui sentent le plastique à plein nez). On regrette aussi un peu la morale écologique naïve du film, mais GODZILLA VS MOTHRA se laisse cependant très largement voir, porté, une nouvelle fois, par la musique somptueuse d’Akira Ifukube. (Mention spéciale, du reste, pour le thème de Mothra chanté par les deux chanteuses japonaises issues du groupe The Peanuts)  

Ce film savant mélange de comédie, d’action et de parabole écologique réjouira autant notre enfant intérieur que l’adulte au regard critique. Une belle performance !


0h33 : Les haut-parleurs de la ville annoncent l'arrivée de Godzilla !
L'hôtel de ville de Nagoya.

0h33 : L'écho de l'arrivée de Godzilla se répercute à travers la ville...
Nous sommes devant le centre des impôts de Nagoya !
0h35 : Peur sur la ville !
Vue aérienne de Nagoya.

0h35 : Godzilla débarque en plein centre ville !
La tour de Nagoya (Source photo : Wikipedia)

0h35 : La panique s'empare des habitants de la ville !
Les pieds de la tour de Nagoya.

0h36 : Le château est évacué dans la précipitation...
L'enceinte du château de Nagoya n'a pas changé malgré les années.

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0h36 : Trop tard ! Godzilla est là !
Le château de Nagoya, vu depuis le mur d'enceinte.

0h36 : Evacuation immédiate !
La porte d'accès du château de Nagoya.

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0h36 : Le château ne va pas faire long feu !
La cour intérieure du château de Nagoya.



5 - GHIDORAH, LE MONSTRE A TROIS TETES. 
(Titre original : San daikaijû Chikyu saidai no kessen. Titre US : The three headed monster) de Ishirô Honda - 1964
2,5 étoiles 5
Un astéroïde s’écrase sur terre. L’équipe du professeur Murai décide de mener l’enquête sur ce météore et ses étranges propriétés magnétiques. Parallèlement, une femme se prétendant martienne prophétise l’extinction de l’humanité. Elle annonce le retour de Godzilla et de Rodan ainsi que la venue d’un nouveau monstre appelé King Ghidorah ! Ses prophéties se réalisent lorsque l’astéroïde venu de l’espace libère le dragon tricéphale ! Celui-ci est si puissant que Godzilla, Rodan et Mothra doivent s’unir pour essayer de vaincre le monstre à 3 têtes...



Cette fois-ci, Godzilla se retrouve confronté à un kaijū créé spécialement pour l’occasion (et non pas à un monstre préexistant comme King Kong ou Mothra). Immédiatement impressionnant et charismatique, Ghidorah sera un ennemi récurrent du roi des monstres. Ce nouvel arrivant est la grande réussite et le centre d’intérêt principal du film ! Superbement réalisé, le monstre est très convaincant et laisse une impression très forte aux spectateurs. Il tient le film à lui tout seul ! Seul problème : il n’apparaît qu’en fin de film, laissant le terrain libre le reste du temps à des kaijūs assez ridicules (la palme revenant à Rodan).

Puisque l’on parle de lui, partant du principe que c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes, Rodan (qui a déjà eu son propre film en 1956) est introduit dans la franchise. Ce ptéranodon mutant sera, lui aussi, un personnage récurrent de la série, sans toutefois jamais parvenir à imprimer une identité propre ou une image forte. En un mot comme en 100 c’est un second couteau.

Quoi qu’il en soit, l’autre grande nouveauté du film sera de présenter, pour la première fois, Godzilla comme un allié de l’humanité et non plus comme un monstre de pure destruction ! Fini la métaphore de l’apocalypse nucléaire, désormais le roi des monstres se fera le protecteur de l’humanité (à la grande joie des enfants, qui peuvent enfin s’identifier à ce gentil monstre).
Partant d’un concept assez ambitieux, le film se révèle finalement assez médiocre. Outre le budget réduit et des effets ouvertement kitsch, le problème majeur du film est qu’il n’y a pas d’interaction entre les personnages humains et les monstres. Les deux agissent séparément, suivant deux histoires différentes qui ne se rencontrent jamais vraiment. Sans doute victime d’un temps très court de production et d’un scénario aberrant, le film reste très frustrant.  


0h01 : Alors que le carillon sonne, scientifiques et militaires scrutent le ciel à la recherche de vaisseaux spatiaux...
Le carillon en question est celui du centre commercial Wako à Ginza. (Source photo : Wikipedia)

0h07 : Une équipe de scientifiques part à la recherche d'une mystérieuse comète tombée non loin de là ...
0h07 : ... ils ont rendez-vous sur un barrage !
L'action se passe sur le barrage de Kurobe. A noter qu'ayant été achevé en 1963, le barrage était donc flambant neuf au moment du film ! (Source photo : Wikipedia)

0h07 : L'équipe du barrage indique le chemin pour accéder à la météorite.
Sur le barrage Kurobe.

0h11 : Une foule s'est attroupée pour écouter la nouvelle prêtresse ...
Nous sommes ici au Parc Ueno devant la statue de Saigo Takamori. (Pour information c'est lui qui inspira le film "Le dernier samouraï")

0h11 : L'oracle, prétendant être une extraterrestre, annonce la fin du monde !
La perspective à l'entrée du parc Ueno a "légèrement" changé !

0h28 : L'oracle se manifeste à nouveau aux alentours d'un volcan.

L'action se passe au sommet du Mont Aso, le volcan (toujours en activité) le plus vaste du Japon !

L'augure annonce le réveil de Rodan !
On peut voir de loin la fumée sortant du volcan Aso. (Source Photo : Pixabay)



6 - INVASION PLANETE X 
(Titre original : Kaijū Daisenso, Titre US : Invasion of Astro-Monster) de Ishirō Honda - 1965
3 étoiles sur 5
Dans un futur proche, deux astronautes, Fuji et Glenn, partent en mission d’exploration vers la mystérieuse planète X. Une fois sur place, ils découvrent que l'astre est habité par les Xiliens. Ceux-ci leur expliquent qu’ils sont harcelés par King Ghidorah et se retrouvent contraints à vivre sous terre. Afin de se protéger, ils demandent aux terriens de leur « prêter » Godzilla et Rodan pour les défendre du dragon tricéphale. Hélas, tout ceci n’est qu’un prétexte et les extraterrestres ont un plan bien plus funeste pour la terre…


Après le succès du film précédent, la Tōhō reprend exactement le même casting de monstres (sauf Mothra) et les emmène cette fois dans l’espace ! Les Xiliens ont pris le contrôle de Ghidorah. Godzilla semble être le seul à pouvoir leur faire barrage. Pour la 2ème fois, après avoir été le cauchemar de l’humanité, le roi des monstres devient son héros !

Ce film est le premier à être coproduit avec un studio américain. En conséquence, l’un des protagonistes vient du pays de l’oncle Sam ! L’acteur ne parlant pas Japonais, il sera donc (mal) doublé en Japonais. Ce qui n’est finalement pas très grave tant sa prestation en elle-même sonne faux ! Cet opus a un franc côté cartoonesque rendant la franchise plus accessible pour le public visé : les Américains.

Contrairement au film précédent, l’action est centrée sur les kaijūs et les humains interagissent en ce sens, rendant le film plus cohérent et plus fluide. Les costumes des aliens sont kitschissimes et il est impossible de ne pas rire en voyant leur allure ridicule. Leur aspect grotesque, bien que faisant disparaître toute dimension dramatique, contribue cependant à rendre le film charmant en le rattachant aux années 60 (et le sauvant, par là-même, du statut de nanar sans âme).

Signalons enfin que c’est le premier film à réutiliser des séquences déjà vues dans les films précédents. Cependant, seuls les spectateurs les plus attentifs noteront cette redite, tant le montage est habile. Ce ne sera, hélas, pas le cas des films suivants, réutilisant sans vergogne des passages complets déjà vus précédemment.


0h24 : De retour sur terre, les deux astronautes doivent s'expliquer devant le parlement japonais.
La National Diet vue de haut.

0h24 : La caméra se rapproche pour indiquer où va se passer la scène suivante...
Le parlement japonais est probablement l'édifice détruit le plus souvent par le roi des monstres ! (Vous pourrez d'ailleurs vous amuser à les compter, lorsque cette série d'articles sera finie !)

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1h19 : Godzilla, de retour sur terre et, sous influence des extraterrestres, se fait un devoir de tout casser !
La scène a été tournée à proximité du sanctuaire Fujisan Sengen à Fujinomiya. Le Mont Fuji, impérial, est toujours clairement visible à l'arrière plan.

1h19 : En pleine panique, la population évacue la ville...
La ville a "légèrement" changé ces 50 dernières années. Quoi qu'il en soit, ce pont -bien que remanié- est vraisemblablement celui de la photo précédente.


Ce sera tout pour cette première partie, à suivre très bientôt chez Mister Malcontent...










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